ITW politico-psychanalytique : le système scolaire français

C’était la rentrée, et pour fêter ça, je n’ai pas eu envie de te coller la photo de mon dernier affublé de son cartable Toun’s tout neuf (qui pourtant est entré au CP, j’en ai les ovaires tout retournés) et de mes deux grandes qui réclament un déo parce qu’elles sont en CM2. Non, j’avoue ne pas avoir le pas et la conscience légère cette année encore. Des envies d’ailleurs me traversent chaque été, même si je me sens aujourd’hui à la bonne place professionnelle, ou du moins à celle qui me sied le mieux dans un système qui me contrarie de plus en plus. Cela faisait longtemps que je projetais d’écrire un billet sur le système scolaire français, mais il me paraissait insurmontable, tant de choses à dire, tant de points à améliorer, à effacer et à recommencer. Je suis donc tombée sur cette vidéo qui raconte le système éducatif finlandais, et je l’ai suivie point par point pour dépeindre le nôtre. Alors, je vais évidemment prendre les précautions d’usage, hein, une fois de plus, je ne parle que de mon vécu, bla bla bla et tout le reste.

D’abord, regarde ça :   Vidéo sur l’école en Finlande

Parlons maintenant de notre système scolaire. J’ai repris des mots du journaliste qui pose les questions, mais aussi des personnes interrogées pour m’ exprimer. Toute ressemblance n’est donc absolument pas fortuite.

Comment décrire le système éducatif français ?
Beaucoup de bureaucratie, des tonnes. Les enseignants, les directeurs passent un temps fou à remplir des documents.
Le maître mot est la réussite scolaire.
Le ministère ne fait pas confiance aux autorités locales, qui ne font pas confiance aux enseignants. Nous avons des inspections (en théorie tous les 3 ans, mais en pratique tous les 4-5 ans), avec une visite de deux heures effectuée par un inspecteur et beaucoup de comptes à rendre par écrit (qui priment souvent bien plus que la pratique et la manière d’être avec les élèves).
On ne classe pas les écoles, mais les collèges et les lycées. D’ailleurs, on triche beaucoup pour maintenir ou relever les taux de réussite au Brevet et au Bac : dans le privé, on choisit les élèves qui présentent peu de risque d’échecs et dans le public, on demande à des élèves de ne pas se présenter le jour de l’examen.
Nous ne consacrons pas notre temps à enseigner, mais à évaluer. Les profs sont notés, les élèves sont notés. L’essentiel est d’être dans les cases. Les maîtres ont un master en 5 ans aussi, ils s’entraînent dans de vraies classes aussi (en REP, c’est plus riche), ils font des exposés sur les différentes pédagogies, ou des fiches, mais ne les travaillent pas vraiment. Ils étudient très peu la psychologie enfantine. On tient à leur apprendre qu’ils doivent se débrouiller seuls. En formation, on critique beaucoup les manuels, et on incite les futurs professeurs à construire tous leurs cours, à les fabriquer, laissant très peu de place à leur vie privée d’une part, et à la maturation des idées d’autre part.
Nous parlons beaucoup de différenciation pédagogique, de difficultés scolaires mais très peu, voire pas, des intelligences multiples. L’intelligence d’un enfant doit être scolaire, point. Bien sûr, les cas particuliers sont aidés. Le problème est qu’ils sont tellement nombreux, que parfois, dans des milieux difficiles, des classes entières deviennent des cas particuliers.
L’école ne gère plus les cas particuliers, elle met les élèves en situation de cas particuliers.

En France, il est important de bien se tenir en classe. On pense que si l’ambiance est très stricte, ça les rassure et ça leur permet de se concentrer.

Quelle est la différence entre l’école d’autrefois et celle d’aujourd’hui ?
Avant, ils étaient 40 par classe, et ils étaient assis en silence, comme des piquets pour ne pas se faire remarquer. Et le professeur faisait cour devant la classe. Aujourd’hui, ils sont 27 par classe en REP+, et ils sont assis en silence, comme des piquets pour ne pas se faire remarquer. Enfin, c’est ce que nous aimerions, mais les élèves ont changé, beaucoup viennent d’ailleurs et mènent des vies souvent très difficiles et mouvementées, et n’adhèrent pas du tout à ce fonctionnement. Ils le font savoir et s’opposent aux enseignants avec de plus en plus de virulence. Mais on persiste à leur demander de s’adapter à l’école comme le faisaient les générations des années 60 à 80.
Les élèves n’ont pas le droit de parler parce qu’ils deviennent vite « ingérables », ils n’ont pas le droit d’échanger par ce qu’on craint qu’ils trichent. Le professeur est une autorité, une sorte de Dieu.
Au collège, seules les matières comptent.
Au CP, chaque enseignant à sa méthode de lecture. Si l’élève ne sait pas lire à la fin de l’année, on lui proposera de refaire une année de CP (et de consulter un-e orthophoniste).  Le système éducatif français a bien conscience que tous les élèves sont différents mais son objectif est de les faire tous entrer dans le même moule, au même moment.

Les enseignants ne mangent plus à la cantine avec les enfants. Les enfants sont gérés par des animateurs parfois très jeunes, parfois très inexpérimentés. Le moment du repas pourrait être un moment partagé de détente.
En France, en étant si proche, on craint de perdre toute autorité. On pense que la seule la peur de l’adulte fait autorité.

Avant, entre 7 et 10 ans, l’école était entièrement gratuite (sauf pour la cantine). L’école fournissait la totalité des fournitures scolaires, excepté trousse et cartable. Aujourd’hui, quel que soit le milieu social des élèves, l’école demande une liste de fournitures en début d’année scolaire, avec plusieurs rappels dans l’année. La cantine scolaire coûte de plus en plus cher et propose une alimentation de moins en moins goûteuse.

En France, l’école est un enjeu politique. Après les élections, quand les gouvernements changent, on chamboule le système éducatif. De temps en temps, de façon aléatoire, les programmes changent et s’alourdissent. C’est toujours un bras de fer entre le ministère, les enseignants, et les parents.

L’objectif de l’école en France est de fabriquer des professions intellectuelles.  Excepté pour les parcours adaptés, les élèves français doivent attendre d’avoir 15 ou 16 ans pour sentir s’ils sont plutôt « intellectuels » ou « manuels » (l’élève « manuel » étant toujours considéré comme un élève de seconde zone), s’il a la chance d’avoir eu les capacités de tenir bon toutes ces années. 

Voilà ma Valda du jour.

Allez, salut !

3 réflexions sur “ITW politico-psychanalytique : le système scolaire français

  1. En France au boulot on ne peut pas regarder youtube donc je n’ai pas pu voir le reportage et c’est peut-être mieux…
    En France dans un milieu dirons-nous « classique » dans une école dirons-nous » classique » lorsque ton enfant est un piquet déformé mais pas trop juste un peu vrillé quoi, tu te démerdes!
    En qualité de parent tu es estampillé chieur, tout ça parce que ça fait un baïl que tu sais que ton enfant et l’éduc nat c’est la quadrature du cercle et que la case proposée, imposée? est bien trop étroite.
    Alors tu t’agites, beaucoup, tu consultes des spécialistes à des coûts indécents qui tous te renvoient à l’adaptation du corps enseignants, certes avec une proposition d’AVS que tu mettras, si c’est accepté pas moins de 6 à 12 mois à obtenir.
    En attendant tu rames, certes parce que les profs ne sont pas formés à ces intelligences multiples mais pas que..
    Force est de constater que, et cela n’engage que ma propre expérience entendons nous bien, ils n’ont juste pas envie de se secouer les neurones pour faire bouger leurs lignes institutionnelles, faire un pas de côté et envisager de travailler autrement, la preuve en est du passage éclair de Céline Alvarez au sein de l’éduc nat..
    Le métier d’enseignant est difficile certes , celui de parents aussi!! Il serait peut-être temps de réfléchir ensemble ..

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    • Ce que tu dis est vrai, parfois. Je travaille avec des profs hyper ouverts et d’une volonté étonnante. Certes, ils sont une poignée sur une équipe, mais ils sont formidables (à tel point qu’on dirait des instits 😉 ). Réfléchir ensemble semble tellement évident. Peut-être trop évident pour l’EN qui préfère qu’on travaille dans l’urgence, plutôt que réfléchir. Réfléchir pourrait être dangereux…

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